Le vitiligo : une maladie qui élimine les mélanocytes de l’épiderme
Introduction à la physiopathologie du vitiligo
Le vitiligo est une maladie complexe faisant intervenir des facteurs combinés et multiples.
Parmi ces facteurs, il est cité une prédisposition génétique.
En effet de nombreux gènes de prédisposition ont été identifiés et la plupart sont en lien avec le système immunitaire ou système des défenses de l’organisme. Cela explique l’association du vitiligo avec de nombreuses pathologies auto-immunes commme les thyroidites auto-immunes par exemple. Ainsi chez un individu prédisposé est montré que des facteurs environnementaux, comme une événement stressant personnel ou professionnel, des frictions peuvent déclencher et/ou aggraver la maladie.
Une maladie auto-immune
Le vitiligo est considéré comme une maladie auto-immune ; c’est à dire que le système immunitaire (à l’origine des défenses de l’organisme) a tendance à réagir contre lui-même.
Comme toute maladie auto-immune, celle-ci évolue souvent de façon chronique et par poussées.
➜ Est-ce héréditaire ? Contagieux ?
Les facteurs du vitiligo
Plusieurs mécanismes complexes sont impliqués pour expliquer la perte des mélanocytes au cours du vitiligo.
Alors que dans la plupart des cas, le vitiligo ne s’associe pas à d’autres signes cliniques, il est parfois possible de ressentir une sensation de picotement ou grattage au niveau des zones de vitiligo ; cela peut parfois être un signe de progression de la maladie.
Une maladie complexe, de multiples facteurs :
- environnement
- activation exagérée du système immunitaire
- anomalie des mélanocytes
- facteurs génétiques
- gènes associés à l’immunité
- gènes associés aux mélanocytes
- facteurs génétiques communs avec d’autres pathologies inflammatoires
Facteurs génétiques associés au vitiligo
Prédisposition
Même si ces mécanismes ne sont pas encore complètement admis, il est proposé comme explication qu’un individu présentant un vitiligo doit tout d’abord y être prédisposé.
Gènes associés au Vitiligo
> Jin Y et al. N. Engl J. Med 2010; Nat Genet 2010, 2012, 2016
> Birlea et al. J. Invest. Dermatol 2011
Facteurs environnementaux du vitiligo
Ces facteurs environnementaux déclenchent les défenses de la peau (au niveau de l’épiderme) qui va conduire à la production locale de messagers inflammatoires qui vont à leur tour par conséquence activer le système immunitaire présent à ce niveau.
Les frictions
> Taieb A, Picardo M. New Englang Journal of Medicine 2009
> Ezzedine K et al Lancet 2015
Le stress
les facteurs chimiques
Le mécanisme immunitaire / mélanocytes
Initiation de la maladie
À l’apparition de la maladie, au niveau de la peau, il est montré que l’épiderme notamment, réagit en produisant de nombreux signaux de danger reconnus par le système immunitaire déjà présent à ce niveau, ou migrant depuis le courant sanguin.
Les cellules immunitaires – appelés lymphocytes T -, sont ainsi activées, prolifèrent localement et produisent à leur tour de nombreux signaux inflammatoires appelés cytokines, dont certaines vont directement impacter les mélanocytes conduisant ainsi à leur perte.
Ce sont ces signaux qui sont de mieux en mieux identifiés et permettent aujourd’hui d’envisager de nouvelles cibles thérapeutiques.
Ainsi, des globules blancs – notamment les cellules appelées lymphocytes, localisées au niveau de la peau et/ou migrant de la voie sanguine – sont activées pour se défendre face à l’agression.
Ces globules blancs prolifèrent localement et vont ensuite progressivement produire d’autres messagers inflammatoires appelées cytokines (notamment certaines appelées Interferon-gamma : IFNy ou Tumor-Necrosis-Factor-alpha : TNFα), qui vont jouer un rôle majeur pour entraîner la perte des mélanocytes.
La disparition des mélanocytes
Il n’est cependant pas clairement établi aujourd’hui quel est le mécanisme principal à l’origine de la perte des mélanocytes.
Certains pensent que le mélanocyte est détruit par la réponse immunitaire, d’autres pensent que le mélanocyte perd sous l’action des messagers inflammatoires ses systèmes d’attache à la peau, conduisant à son détachement et à sa migration en dehors de l’épiderme. Il est possible que les deux mécanismes soient intriqués.
Mémoire cutanée au cours du vitiligo
Il est bien démontré qu’après avoir obtenu une repigmentation, en cas d’arrêt du traitement, environ 50% des patients récidivent leur maladie, au même endroit dans l’année qui suit la repigmentation.
Cela permet d’évoquer l’idée d’une mémoire cutanée dans la peau. Cette idée a été récemment confirmé sur le plan local. Des études, notamment par notre laboratoire a clairement identifié la présence au niveau des zones très stables de vitiligo ou encore non-lésionnelles la présence de lymphocytes dits mémoires qui semblent participer à la récidive de la maladie.
Cette idée permet de considérer comme cela a été clairement démontré l’intérêt dit de « maintien » au long cours même après repigmentation afin de conserver le résultat obtenu.
Régénération des mélanocytes
Le vitiligo étant lié à la perte des mélanocytes au niveau de la peau, il est ensuite important de permettre leur régénération à partir de réservoirs de mélanocytes. Ces réservoirs sont principalement localisés au niveau du poil (follicule pileux) mais également au niveau du derme (couche moyenne de la peau).
C’est pourquoi il est important d’évaluer l’importance / la proportion de poils blancs au sein d’une plaque de vitiligo. Plus cette proportion est importante, plus la possibilité de repigmentation est faible. Cependant à ce jour, il n’est pas clairement établi si le système immunitaire peut avoir un rôle pour bloquer cette régénération.