État des lieux
Aujourd’hui, un grand dynamisme entoure la recherche sur le vitiligo avec de nouvelles perspectives thérapeutiques en cours de développement. Le vitiligo, longtemps considéré comme non prioritaire, fait l’objet d’essais thérapeutiques qui devraient permettre bientôt l’autorisation de mise sur le marché, de nouvelles thérapies innovantes. Ces avancées sont le fruit de travaux de recherche récents qui ont permis une meilleure compréhension des mécanismes conduisant à la maladie.
Cependant ; même si ces avancées permettent d’apporter un bénéfice pour les patients ; la route reste encore longue avant de permettre la repigmentation de toutes les zones touchées par la maladie et de nombreux travaux restent à réaliser afin de comprendre toutes les étapes expliquant la perte des mélanocytes ; mais surtout leur régénération afin de restaurer la couleur naturelle de la peau.
En effet, le vitiligo est une maladie complexe faisant intervenir de nombreux facteurs combinés. Il est désormais clairement établi chez un individu, l’existence d’une prédisposition génétique à développer le vitiligo. Ensuite sous l’action de facteurs environnementaux comme le stress ou le frottement par exemple, le début de la maladie s’associe à une réaction inflammatoire faisant intervenir des éléments du système de défense de l’organisme (système immunitaire) qui vont produire au niveau de la peau des messagers inflammatoires impactant directement les mélanocytes et conduisant à leur perte.
Les cellules immunitaires et les messagers impliqués sont de mieux en mieux identifiés et font à ce jour l’objet d’essais thérapeutiques ; ces stratégies thérapeutiques permettent ainsi de bloquer l’initiation et la progression de la maladie et de faciliter la repigmentation. Cependant la repigmentation et donc la régénération des mélanocytes reste encore difficile et devra faire l’objet d’importantes recherches afin d’identifier les mécanismes permettant de faciliter cette régénération et assurer une repigmentation plus rapide et plus efficace.
Enfin en raison de la présence d’une « mémoire » dans les lésions de vitiligo ayant repigmenté, il existe un risque de récidive de la maladie après arrêt d’un traitement ayant permis la régénération des mélanocytes. Ainsi, il est important de considérer dans la stratégie thérapeutique du vitiligo un traitement de maintien permettant de maintenir cette repigmentation.
C’est pourquoi il reste important de soutenir la recherche, des centres en France s’investissent de façon majeure pour la recherche sur le vitiligo et ont besoin d’être soutenus afin de faire avancer la compréhension des mécanismes du vitiligo et d’identifier des traitements efficaces pour les patients.
Le vitiligo : une maladie complexe et multifactorielle
Le vitiligo fait intervenir plusieurs facteurs combinés : une prédisposition génétique impliquant des gènes associés au système immunitaire et au mélanocyte, des facteurs environnementaux (comme le stress ou des frictions) et des anomalies des mélanocytes, conduisant à une activation au niveau de la peau du système immunitaire et à la perte des mélanocytes.
Les mécanismes conduisant au vitiligo
Chez un individu prédisposé et sous l’action de facteurs environnementaux, les cellules de la peau, dont les mélanocytes, localisés au niveau de la base de l’épiderme (la couche superficielle de la peau), produisent des signaux de dangers conduisant à l’activation, de cellules immunitaires résidants dans la peau. Celles-ci produisent de nombreux facteurs inflammatoires impactant directement la survie des mélanocytes et donc entraînant leur disparition.
La stratégie thérapeutique au cours du vitiligo
Les points importants à considérer pour la prise en charge du vitiligo sont 1/ bloquer la réaction inflammatoire et 2/ assurer la repigmentation. Des stratégies innovantes notamment par l’utilisation de molécules appelées inhibiteur de JAK sont en cours de développement afin d’assurer l’inhibition de la réaction immunitaire. Cependant il reste important de promouvoir la repigmentation. Pour l’instant, l’exposition aux UV de façon naturelle ou l’utilisation de cabine de photothérapie permet de promouvoir la régénération des mélanocytes. Cependant il est important de développer d’autres stratégies permettant cette régénération.
Le vitiligo : une maladie chronique nécessitant un traitement de maintien
Des travaux récents de recherche ont permis de montrer la présence d’une mémoire cutanée au niveau des anciennes lésions de vitiligo. En effet, il est désormais établi que des lésions ayant repigmenté ont un risque de nouveau de dépigmenter au même endroit après arrêt du traitement en raison de cette mémoire cutanée. Pour cela un traitement de fond permettant de maintenir la repigmentation est important de considérer dans la prise en charge du vitiligo.
Objectifs des essais
Par la meilleure compréhension des mécanismes à l’origine de la maladie, le service de Dermatologie du CHU de Bordeaux propose désormais des essais cliniques pour les patients atteints de vitiligo. Ces essais cliniques offrent aux patients la possibilité d’essayer les médicaments les plus récents qui sont en cours de développement dans la maladie et permettre de changer l’avenir des traitements du vitiligo.
Les essais cliniques diffèrent des soins médicaux qui peuvent être proposés suite à une consultation classique. Dans le cadre d’un essai clinique, un petit groupe de participants est soumis à un nouveau médicament. Ce nouvel essai est ensuite suivi de près par les cliniciens afin d’étudier les effets du nouveau traitement sur les participants. En raison de l’engagement et de la durée, l’entrée dans un essai clinique n’est pas pour tout le monde.
Bien que cela puisse être très intéressant pour les patients, cela demande cependant certaines contraintes à accepter : visites multiples pendant l’essai, calendrier, anxiété liée à l’utilisation d’un nouveau traitement, et autres facteurs potentiels qui peuvent entraver l’engagement.
Si certains essais ont été conçus, réalisés et mis en œuvre directement par l’équipe de Dermatologie du CHU de Bordeaux dans le cadre de projets universitaires, beaucoup sont parrainés par des sociétés pharmaceutiques pour tester leurs cibles thérapeutiques qu’elles soient en traitement local (crème) ou par voie orale ou injection.