Protocole de photothérapie pour UVB à spectre étroit dans le vitiligo
- La photothérapie en cabine est adaptée aux vitiligos touchants au moins 5% de la surface corporelle totale. Pour les atteintes localisées, une photothérapie par lampe ou laser excimer à 308 nm au cabinet du dermatologue, ou par lampe UVB 311 nm au domicile par le patient en suivant les recommandations du dermatologue, est à privilégier.
- Il est aujourd’hui démontré que les personnes ayant un vitiligo ont un risque de cancers cutanés significativement diminué par rapport à la population générale1–3.
- Il n’a pas été montré de surrisque de cancers cutanés chez les patients vitiligos traités par UVB à spectre étroit4. Par précaution, et même si le risque est inférieur dans la population vitiligo, il convient, sauf cas particuliers, de ne pas dépasser 500 séances en tenant compte du phototype du patient et en étant spécialement vigilant chez les enfants.
- La photothérapie doit être associée au traitement par voie locale ou générale pour une efficacité optimale.
- Comme pour toute dermatose inflammatoire, le traitement n’est que suspensif et le risque de récidive à l’arrêt doit être expliqué au patient. Dans le vitiligo, le risque est d’environ 40 à 50% après 1 an.
La séance
Pour les dermatoses étendues, quel que soit le type de photothérapie, les séances d’ exposition aux UV s’ effectuent en cabine sur corps nu, avec juste une protection oculaire ainsi qu’ une protection des parties génitales pour l’ homme en raison du risque accru de cancer du scrotum.
Durée des séances
Toutes les photothérapies (à lexception de la photothérapie UVA1), induisent un bronzage qui arrête le rayonnement nécessaire à l’ effet thérapeutique. Ainsi, la durée des séances doit donc être progressivement augmentée. La durée des séances oscille ainsi entre 1 minute pour la première et une dizaine de minutes en fin de cure. Le rythme habituel de traitement est de 2 à 3 séances par semaine.
Quels sont les résultats ?
Il s’agit d’un traitement largement utilisé dans la prise en charge du vitiligo ; il permet souvent d’améliorer les résultats en combinaison avec d’autres thérapies comme les dermocorticoïdes et/ou le tacrolimus topique.
Au cours du vitiligo l’effet recherché est double : une action d’inhibition de l’activation du système immunitaire au niveau de la peau mais également une action de régénération en mobilisant les réservoirs de mélanocytes au niveau des poils.
Le traitement peut être renouvelé en cas de bon résultat et/ou récidive. Les doses reçues par le patiente sont comptabilisés notamment tout au long de sa vie afin d’évaluer le cumul des séances réalisées.
Protocole5 :
- Débuter à 0,2 J/cm² quel que soit le phototype
- Rythme : 2 à 3 séance/semaine
- Augmenter les doses de 10 à 20% par séance
- Les doses doivent être augmentées jusqu’à obtenir un érythème non symptomatique sur les lésions de vitiligo
- Ajustements des doses de photothérapies :
- en cas d’érythème rosé asymptomatique : maintenir la dose jusqu’à disparition de l’érythème puis augmenter de 10-20%
- en cas d’érythème rouge asymptomatique : arrêt de la photothérapie jusqu’à ce que l’érythème devienne rosé puis reprendre à la dernière dose tolérée
- en cas d’érythème symptomatique (douleur et bulles): arrêt de la photothérapie jusqu’à cicatrisation et érythème rosé puis reprendre à la dernière dose tolérée* Dose maximum par séance : 1,5 J/cm² sur le visage ; 3 J/cm² sur le corps
- Ajustements des doses de photothérapies :
- Réévaluer le traitement après 6 mois et poursuivre tant que la repigmentation se poursuit
Précautions :
- Il n’y a pas d’âge minimum. Les enfants peuvent être traités dès qu’ils sont en âge de rester dans la cabine sans enlever les lunettes de protection.
- Une fois le visage repigmenté, il doit être protégé pendant les séances.
- Les aréoles mammaires des sujets de phototypes I à III doivent être protégées par crème solaire pendant la séance.
- Les muqueuses génitales doivent être protégées pendant les séances.
- Les paupières peuvent être exposées si besoin sans risque pour les yeux, à partir du moment où le patient comprend qu’il doit bien garder les paupières fermées pendant toute la séance.
Quels effets secondaires et quelles complications ?
Outre les risques de cataracte, c’est-à-dire d’opacification du cristallin, en cas d’absence de protection oculaire correctement réalisée, le principal effet secondaire à long terme, c’est-à-dire par répétition des séances, de toutes les photothérapies, quel qu’en soit le type, est la majoration du risque de cancer cutané. Cependant comme cela est dit précédemment, les patients atteints de vitiligo ont un risque diminué de développer des cancers de la peau, permettant de rassurer les patients quand à son utilisation au cours du vitiligo.
Les indications de la photothérapie sont donc très sélectionnées et toujours mises en balance par rapport au choix thérapeutique éventuellement disponible à chaque moment de l’évolution de l’affection. Ainsi, les indications de photothérapie chez l’enfant sont tout particulièrement pesées et relèvent d’avis hautement spécialisés.
Quelle surveillance ?
La surveillance du déroulement correct est effectuée à chaque séance par le médecin lors de la réalisation d’ une séquence de photothérapie. Les patients qui ont subi de nombreuses séances doivent faire l’ objet d’ un suivi dermatologique régulier à vie.
Autres précautions :
Les agents photosensibilisants, c’est-à-dire augmentant la sensibilité de la peau au soleil, en particulier les cosmétiques tels que les parfums, sont formellement à proscrire avant les séances. Il est impératif que toute prise médicamenteuse soit signalée avant chaque séance au médecin qui jugera si cette prise est compatible avec la photothérapie.
Pour lutter contre le dessèchement cutané habituel avec toute photothérapie, l’utilisation de crèmes hydratantes est conseillée après les séances.
Annuaire
Vous pouvez retrouver les dermatologues disposant d’une cabine de photothérapie en parcourant ce site internet :
➜ Annuaire du Syndicat des Dermatologues
Références :
1. Teulings HE, Overkamp M, Ceylan E, et al. Decreased risk of melanoma and nonmelanoma skin cancer in patients with vitiligo: a survey among 1307 patients and their partners. British Journal of Dermatology. 2012;168(1):162-171. doi:10.1111/bjd.12111
2. Paradisi A, Tabolli S, Didona B, Sobrino L, Russo N, Abeni D. Markedly reduced incidence of melanoma and nonmelanoma skin cancer in a nonconcurrent cohort of 10,040 patients with vitiligo. J Am Acad Dermatol. 2014;71(6):1110-1116. doi:10.1016/j.jaad.2014.07.050
3. Ferguson J, Eleftheriadou V, Nesnas J. Risk of melanoma and non-melanoma skin cancer in people with vitiligo: uk population-based cohort study. J Invest Dermatol. Published online 2023. doi:10.1016/j.jid.2023.04.013
4. Bae JM, Ju HJ, Lee RW, et al. Evaluation for Skin Cancer and Precancer in Patients With Vitiligo Treated With Long-term Narrowband UV-B Phototherapy. Jama Dermatol. 2020;156(5):529-537. doi:10.1001/jamadermatol.2020.0218
5. Mohammad TF, Al-Jamal M, Hamzavi IH, et al. The Vitiligo Working Group recommendations for narrowband ultraviolet B light phototherapy treatment of vitiligo. Journal of the American Academy of Dermatology. 2017;76(5):879-888. doi:10.1016/j.jaad.2016.12.041